Les zones humides, sources de bien-être humain, 2 février 2024

Journée Mondiale des zones humides "Les zones humides, sources de bien-être humain", 2 février 2024

Mme Kaouther HAMROUNI

Mme Kaouther HAMROUNI

Thèse de Doctorat en Agronomie

L’Observatoire du Sahara et du Sahel - OSS célèbre la journée mondiale des zones humides, le 2 février 2024, proclamée par l'Assemblée générale des Nations Unies en 2021. Cette journée est dédiée à sensibiliser le public sur l'urgence d'inverser la tendance de la disparition accélérée de ces écosystèmes et à promouvoir des mesures durables pour leur conservation et leur restauration. 

Rappelons que cette journée marque l'adoption de la convention relative aux zones humides d’importance internationale, tenue en 1971 dans la ville iranienne de Ramsar sur les rives de la mer Caspienne. Cette journée constitue l’occasion pour toutes les nations et tous les peuples de se réunir pour susciter la prise de conscience, l’appréciation et l’action en faveur des zones humides. 

En cette année 2024, la journée est célébrée sous le thème de « les zones humides, sources de bien-être humain » pour souligner l'interconnexion historique entre ces écosystèmes et la vie humaine. En effet, les populations tirent leur subsistance, leur inspiration et leur résilience de ces environnements productifs. 

Les zones humides sont vitales pour l'homme et pour le maintien de l’équilibre des autres écosystèmes et jouent un rôle important dans l’atténuation des phénomènes climatiques extrêmes. Elles assurent la régulation des régimes des eaux notamment la reconstitution des eaux souterraines, des habitats pour les oiseaux migrateurs ainsi que le stockage du carbone sous différentes formes. Cette contribution souligne que la valeur des services écosystémiques qu’elles fournissent dépasse largement celle des écosystèmes terrestres.

Elles constituent également une ressource d’une grande valeur culturelle, scientifique, récréative et économique estimée à une valeur  cinq fois plus élevée que celle des forêts tropicales dont la perte serait irréparable. Bien qu'elles ne couvrent qu'environ 6 % de la surface terrestre, 1/7e de la population mondiale en dépend et 40 % de toutes les espèces végétales et animales y vivent ou s’y reproduisent. 

A l’échelle mondiale, les zones humides disparaissent trois fois plus vite que les forêts et constituent l'écosystème le plus menacé de la planète. Elles s'accrochent à une bouée de sauvetage qui s'amenuise, avec seulement 13 % de leur ancienne étendue restante.  Le déclin s'est accéléré avec une perte de 35 % de leur superficie durant les 50 dernières années, soit depuis 1970. Cette situation s’empire avec les causes climatiques et les pratiques anthropiques telles que l'urbanisation, le drainage des deltas et le changement d’usage principalement en raison de leur conversion en terres cultivées. 

En passant au peigne fin des milliers de registres de drainage et de changement d’affectation des terres, des chercheurs des universités de Stanford, Cornell et McGill (Fluet-Chouinard et al., 2023)  ont établi à travers leur publication dans la revue Nature qu’au moins 3,4 millions de kilomètres carrés de milieux humides avaient été perdus de 1700 à 2020, soit une perte nette de 21%, l’équivalent de la superficie de l’Inde. 

L’Afrique est très riche en zones humides qui sont essentielles pour leur contribution mondiale aux services écosystémiques, dont dépendent directement des centaines de millions de communautés rurales pour leurs moyens de subsistance. De plus en plus, le rôle essentiel de ces écosystèmes dans l'atténuation du changement climatique est reconnu, et les pays africains ont réalisé des progrès remarquables dans l'élaboration de politiques de conservation et de gestion. Cinquante nations africaines sont signataires de la Convention de Ramsar sur les zones humides, avec 425 sites Ramsar.

Dans le cadre de sa nouvelle stratégie décennale (2021-2030) axée sur l’Eau, la Terre, le Climat et la Biodiversité, l’OSS s’engage à soutenir ses pays membres dans la mise en œuvre de leurs politiques environnementales et le développement économique durable et climato-résilient.   

Cette stratégie inclut des initiatives telles que le projet « COoPEration Régionale pour de Nouveaux Indicateurs de Comptabilité Ecosystémique du capital naturel en Afrique – Copernicea » en partenariat avec six pays africains (Burkina Faso, Guinée, Maroc, Niger, Sénégal et Tunisie) et avec l’appui de l’AFD. Ce projet évalue la valeur des zones humides en termes de services écosystémiques et de séquestration de carbone grâce à la méthode de la comptabilité écosystémique du capital naturel - CECN. 

À l’occasion de la parution de « L’économie africaine 2024 » à laquelle l’OSS a contribué par son expertise, une conférence a été organisée par l’AFD le 25 janvier 2024. Cette dernière a porté sur les perspectives macroéconomiques de l’Afrique face aux pénuries de financement ainsi que sur les défis de la gestion des ressources naturelles du continent, conciliant croissance économique et préservation environnementale. 

L'article rédigé par les experts de l’OSS intitulé "Quel avenir pour les écosystèmes africains", paru dans cette publication souligne l'importance de la comptabilité écosystémique et des Comptes AfrikENCA (lien) qui fournissent une base solide pour la prise de décision et la formulation de politiques visant à sauvegarder la biodiversité africaine.

Parallèlement, dans le cadre du projet « Amélioration de la GIRE, de la gestion et de la gouvernance fondées sur la connaissance du bassin du Niger et du système aquifère d’Iullemeden-Taoudéni / Tanezrouft – ITTAS », l’OSS travaille à la gestion conjointe des eaux de surface et souterraines dans le bassin du Niger.

Enfin, avec le projet « Restauration des zones humides en Afrique du Nord en tant que solution basée sur la nature pour améliorer la sécurité hydrique et alimentaire » (Restore NAW), l’OSS accentue ses efforts sur la restauration des zones humides pour améliorer la sécurité hydrique et alimentaire en Afrique du Nord.